Devoir de vigilance, la solution ambitieuse de Retraced face à un enjeu complexe

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Poussé par la France dès 2017 et validé par l’Union Européenne via la CSDDD le 24 avril dernier, le devoir de vigilance entre peu à peu dans la législation. Cette notion concerne directement les marques de mode en les responsabilisant sur les dérives dans leurs chaînes de production (travail forcé, salaires insuffisants, violences sexuelles…). Elles doivent donc connaître l’ensemble de leur réseau de fournisseurs, évaluer où sont les risques via la récolte de données et mettre en place des plans pour les prévenir. Face à cet enjeu majeur, la plateforme Retraced est un espace où fournisseurs et marques peuvent centraliser l’entièreté de ces informations et collaborer pour réduire les risques repérés. Elle espère ainsi proposer une solution pour faciliter le devoir de vigilance des entreprises, parfois intimidées par l’ampleur de la tâche. 

Les outils pour responsabiliser les entreprises

Depuis 2015, on constate un essor des législations pour responsabiliser les entreprises sur leur impact social et environnemental. Beaucoup d’entre elles requièrent une traçabilité des chaînes de production, comme le Digital Product Passport (une banque d’informations numériques unique à chaque produit, impliquant des informations sur sa composition, son origine, sa recyclabilité…) inclus dans une directive européenne plus large, l’ESPR, visant à définir, promouvoir et encadrer l’éco-conception. Pour répondre aux enjeux d’éco-conception, l’Analyse de Cycle de Vie d’un produit est un outil indispensable, permettant d’évaluer son impact sur le long terme (matériaux utilisés, processus de filature, composants chimiques…).
Mais en ce qui concerne le devoir de vigilance, “La traçabilité n’est que la première étape” rappelle Benoît Pflimlin, Senior Account Executive chez Retraced. Effectivement, des directives comme la CSRD et la CSDDD exigent des entreprises un reporting précis sur les enjeux du développement durable et la mise en place de plans pour prévenir les risques.

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Au-delà des lois, les bénéfices de l’anticipation des risques

Face aux nombreuses législations qui seront implémentées d’ici 2030 au plus tard, les entreprises se doivent d’anticiper la gestion des risques dans leurs chaînes de production. Pour des raisons éthiques évidentes (375 accidents mortels ont été signalés en 2021, et 27 millions de personnes dans la mode souffrent de maladies liées au travail), mais aussi car cela représente un avantage concurrentiel non négligeable. Connaître réellement ses partenaires minimise les risques de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, permet une efficacité opérationnelle et fluidifie le parcours des produits. Cela améliore justement leur qualité -ouvrant la voie à une majoration des prix justifiée-, la possibilité d’écoconception, la recyclabilité… En résulte une rentabilité directe mais aussi indirecte en améliorant l’image de l’entreprise, avec une réassurance des client·es et un gain pour la marque employeur.

Une personne utilise le logiciel Retraed sur une tablette.

Une plateforme pour faciliter le devoir de vigilance

Au vu des contraintes mais aussi des avantages pour les acteurs de l’industrie, une solution comme Retraced a déjà séduit plus de 10 000 fournisseurs et 150 marques telles Mara Hoffman, Desigual, Pangaia… Cette entreprise basée en Europe, Asie et Amérique se voit comme un “Linkedin de la chaîne de production” : elle a créé une plateforme où sont inscrits des fournisseurs, qui y partagent leurs audits, certifications et toute data utile. Cela permet aux marques de trouver et demander facilement ces informations, de les centraliser sur une interface unique, d’évaluer en détail les risques dans leur chaîne de production et de mettre en place des plans d’action pour les évacuer (CAPA: Corrective et Preventive Actions Plans). Une traçabilité est nécessaire pour les entreprises car elles doivent connaître le nom de leurs fournisseurs et le pays où ils opèrent. Les chanceuses ont déjà une grande partie de leurs partenaires sur la plateforme d’après Benoît Pflimlin : “Quand certaines marques nous rejoignent, elles peuvent déjà trouver 60% de leurs fournisseurs avec toutes leurs données.Certaines devront aider leurs fournisseurs à rejoindre leur réseau et à s’inscrire sur Retraced pour partager les données essentielles. . Nos équipes internationales accompagnent beaucoup les marques et leurs partenaires sur l’onboarding fournisseurs.

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Afin de calculer les risques et donc un besoin de vigilance plus ou moins accru, Retraced établit un “risque pays”. Si un fournisseur ne donne aucune information sinon sa localisation, la plateforme va le noter d’après les risques qui y sont liés (par exemple, le travail des enfants est fréquent au Pakistan). Mais si des audits sociaux, des certifications etc sont fournis par les usines, ce risque est pondéré à la baisse selon des régles définies par chaque marque. A l’inverse, s’il n’y a aucun code d’éthique par exemple, la note pourra être pondérée à la hausse. Pour garantir une neutralité, l’équipe RSE et développement de Retraced intègre les scores de risque provenant de bases de données publiques.

Des ouvriers et ouvrieres travaillent sur des machines à coudre dans une usine textile au Cambodge.
Une usine textile au Cambodge. Crédits : U.S. Embassy Phnom Penh

Pour intégrer la plateforme, les marques doivent mobiliser leurs équipes RSE, IT, juridique, achat et sourcing pour la première année, le temps de lister la supply chain, d’encourager les fournisseurs à rejoindre la plateforme, de récolter les datas, d’analyser les risques… “Bien sûr, ces processus sont automatisés les années d’après, les fournisseurs connaissent la procédure, il n’y a plus besoin de les relancer.” précise Benoît Pflimlin. Un investissement qui semble convaincre les marques, comme VAUDE, prix allemand du développement durable en 2023. D’après la directrice qualité de la marque : “La collecte des données pour nos différents rapports nous a toujours demandé beaucoup d’efforts manuels. En automatisant les processus et en centralisant la gestion des données, les ressources peuvent être utilisées plus efficacement pour se concentrer sur les tâches stratégiques.”   

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